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Les hybrides F1

Quelque part sur la terre, au Salon de l’Auto, automne 2050. Le monde de la Formule 1 est en émoi. Les journalistes du monde entier sont réunis pour une conférence de presse exceptionnelle : tous les constructeurs automobiles se sont unis pour mettre au point un moteur de voiture de course révolutionnaire et durable, propulsé à l’essence de pâquerette”. Dring dring, il est 6 heures, le réveil m’extirpe péniblement de ce doux rêve plein de poésie; j’entame mon petit-déjeuner avec un bon kiwi et ……je constate qu’il est en tous points identique à ses compères de corbeille à fruits. Mais bien sûr, ces kiwis sont des hybrides F1 et n’ont rien à voir avec une voiture de course !
Vous trouverez à la fin de l’article des liens, des définitions et des références de publications et DVD vous permettant d’approfondir ce vaste sujet si vous le souhaitez.
Deux précisions avant de poursuivre:
  • L’article traite uniquement de l’agriculture conventionnelle.
  • Il convient de ne pas confondre hybride F1 et PGM (plante génétiquement modifiée), un groupe de la famille des OGM.
Un hybride F1 (pour fécondation 1 ou fratrie 1), est un végétal issu du croisement de deux individus de lignée pure.
Donc, le sélectionneur (pas celui de votre équipe de tennis préférée) choisit Tomate A parce qu’elle est bien ronde et d’une belle couleur rouge et Tomate B parce qu’elle a un goût légèrement sucré. Et hop, quelques petits moments coquins plus tard naît bébé Tomate hybride F1: une tomate sucrée, ronde et rouge flamboyant.
En bas à gauche, vous la voyez, la mention
“hybride F1” ?
 
Cette manipulation ne possède que des atouts aux  yeux des sélectionneurs-semenciers: nouvelles variétés plus intéressantes que leurs parents, plus grande résistance aux conditions climatiques, utilisation des mêmes semences du nord au sud du globe, croissance rapide et vigoureuse (effet hétérosis) et plein de blé à faire (OK, facile la blague…). Les hybrides F1 tendent à supplanter les variétés pures dans l’agriculture intensive parce qu’ils présentent une grande homogénéité: tous les individus ont exactement le même phénotype. Cela signifie une culture sans surprise. Parfait ! 

Sauf que…..
1) les graines issues de cette hybridation n’auront pas les mêmes caractéristiques que la plante dont elles proviennent; cette deuxième génération réservera bien des surprises, bonnes ou mauvaises, au jardinier amateur tout comme à l’agriculteur.

2) donc, afin d’être assuré de produire une récolte sans surprises, l’agriculteur doit racheter, saison après saison, des semences hybrides F1 choisies dans le catalogue officiel des semences.

Une question d’équilibre…
Illustration Zoo & Co

3) mais le profit n’est pas encore assez grand pour les multinationales semencières-sélectionneuses regroupées en un lobby très puissant. Elles ont alors créé à la fois le problème et sa solution: pour assurer un rendement optimal de ses cultures hybrides F1, l’agriculteur doit aussi acheter un arsenal d’intrants chimiques. Zou, des zactionnaires zeureux ! (pas folle la guêpe, c’est la même boîte qui vend les hybrides et les intrants….).

4) l’agriculteur se retrouve ainsi dépendant de ces firmes agroalimentaires dont l’ingéniosité commerciale n’a d’égale que la cupidité et peine à s’en sortir, plus particulièrement dans les pays du Sud.

5) les semences reproductibles et libres deviennent de plus en plus rares, les semenciers voulant s’accaparer le vivant, en déposant des brevets sur des variétés, comme l’a fait par exemple la firme suisse Syngenta avec le poivron. Acquérir un droit de propriété intellectuelle sur une semence en interdit la multiplication et l’échange entre paysans. Ben voyons…..
6) le savoir-faire détenu par les paysans depuis des milliers d’années est bafoué.

En conclusion, je dirai que le problème est très grave sans que nous en ayons vraiment conscience. Des profits colossaux sont en jeu et des manigances politico-économiques se cachent derrière tout cela, car “celui qui détient la semence détient l’alimentation”. Il devient ainsi facile d’affamer qui on veut….. En outre, la biodiversité et la diversité des variétés sont grandement menacées parce que  “un nombre toujours plus restreint d’entreprises produisent des semences toujours plus homogènes qui sont distribuées dans des zones toujours plus étendues”. (Source : Semences agricoles – Monopole privé sur un bien publi/ Numéro spécial n° 233, avril 2014 / Déclaration de Berne et Pro Specie Rara).
Belle jounrée !
Quelques liens, définitions et références de publications et DVD :

Les catalogues officiels :
En France
En Suisse

Dans l’Union européenne (en anglais)
Les organismes officiels :
En France, le GNIS
En Suisse, l’OFAG 
La législation :
En France, le décret relatif aux semences ou plants
En Suisse (pas de lien à vous proposer car je n’ai pas pu m’y retrouver dans la jungle des décrets et des règlements).


Un article intéressant :
L’avenir de la sélection végétale (Suisse)

Une publication très complète de la Déclaration de Berne (Suisse) :
Agropoly, ces quelques multinationales qui contrôlent notre alimentation

Quelques semeurs de désolation, parmi les plus connus et par ordre d’importance sur le marché mondial des semences (classement tiré de la publication citée ci-dessus) :
Monsanto (USA)
DuPont (Pioneer) (USA)
Syngenta (Suisse)
Vilmorin (Groupe Limagrain) (France)

Quelques définitions :
Effet hétérosis : désigne l’augmentation des capacités et/ou de la vigueur d’un hybride par rapport aux lignées pures issues de la sélection par auto-reproduction. 

Phénotype : en génétique, le phénotype est l’état d’un caractère observable chez un organisme vivant.

Intrant chimique : désigne tous les produits nécessaires au fonctionnement de l’exploitation agricole que celle-ci doit acheter sur le marché extérieur.

Quelques références de DVD :

3 enquêtes menées par Marie-Monique Robin, aux éditions Arte: 
“le Monde selon Monsanto”
“les Moissons du futur”
“Notre poison quotidien”

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