Scroll Top

Liseuse ou livre papier : quel est le meilleur choix ?

Liseuse versus livre papier : quel est le meilleur choix ?

Temps de lecture moyen : 3′

 

Le sujet de l’article m’a été proposé par Chloé, une entrepreneure sensible et douce.

Lisant énormément de livres, elle s’est posé la question de l’impact écologique du livre versus la liseuse.

Ce sujet n’a vraiment pas été facile à traiter tant il faut tenir compte de nombreux paramètres pour les deux supports : déforestation, utilisation de papier recyclé ou pas, usine de pâte à papier alimentée par une centrale hydroélectrique ou à charbon, recyclage total ou partiel, minerais provenant de zones en conflit, etc.

Finalement, en recoupant diverses sources, j’ai fini par reconstituer leurs avantages et leurs inconvénients.

LE LIVRE PAPIER

L’impact environnemental du papier

Le papier est issu de fibres de bois fraîches. Pour produire une tonne de ce papier, on abat deux à trois tonnes de bois et on utilise cinq mille litres d’eau.

La fabrication de papier reste l’une des premières industries consommatrices d’eau avec à peu près l’équivalent des trois quarts du lac Léman utilisés chaque année.

A cela s’ajoute de l’énergie pour :

  • transporter le bois coupé
  • fabriquer et transporter la pâte à papier (la fabrication comprend une étape de blanchiment au chlore, extrêmement polluante, l’utilisation d’’encre, de colles, de vernis)
  • imprimer et transporter le produit fini

Outre ces impacts environnementaux importants, on doit considérer la conversion de forêts primaires ou secondaires riches en biodiversité « en plantations intensives d’arbres (résineux, eucalyptus, peupliers…) uniquement destinés à produire de la pâte à papier ».

Une forêt primaire est une forêt qui n’a jamais été exploitée par l’Homme. En Europe, les forêts primaires représentent 4% de la surface forestière.

Une forêt ancienne abrite des arbres vénérables. Elle a été exploitée par l’Homme mais est revenue depuis très longtemps à son état de forêt.

Enfin, une forêt secondaire est une forêt dont les arbres ont repoussé soit naturellement soit replantés par l’Homme après son exploitation et sa destruction quasi totales.

Même si les forêts sont de mieux en mieux gérées, selon l’Ademe, l’industrie de l’édition engloutit tout de même à elle seule 20 millions d’arbres et 1 page sur 5 provient encore d’une forêt ancienne.

La fabrication du papier recyclé permet d’économiser jusqu’à 60% d’énergie et jusqu’à 70% d’eau. Il contient un certain pourcentage de vieux papier récupéré. On peut recycler du papier en moyenne cinq fois.

Les avantages du livre papier
  • C’est un objet physique qu’on feuillette, écorne, « stabilobosse », qui fait appel à nos émotions, qui a parfois une histoire à lui tout seul.
  • Les livres papier se conservent très longtemps et ne sont pas soumis à l’obsolescence programmée.
  • Le livre n’est pas à usage unique. Il peut s’échanger, se vendre, être donné ou prêté, se trouver dans une bibliothèque, rejoindre le circuit des Livres en liberté, bref vivre encore et encore.
  • Le choix des titres est incomparable et permet de retrouver, par exemple, des livres édités des décennies plus tôt.
  • Enfin, si le  livre devient vraiment inutilisable, il pourra être entièrement recyclé.

LA LISEUSE

L’impact environnemental et éthique de la liseuse

Comme pour tous les objets électroniques, les liseuses contiennent divers métaux tels que le cuivre, l’or, le coltan, l’aluminium et encore des terres rares.

Pour extraire ces différents métaux, il faut couper des arbres et creuser le sol, ce qui  pollue l’environnement proche des mines.

Par ailleurs, la coque de la liseuse est bien souvent en plastique, et sa fabrication nécessite des dérivés du pétrole néfastes pour l’environnement.

En outre, le recyclage de la liseuse est plus compliqué. Il faut en tout cas impérativement l’apporter en déchetterie, comme tous les appareils numériques.

A ces considérations écologiques vient s’ajouter la question éthique.

Certains minerais sont extraits par des enfants et proviennent de zones de conflit. Ce lien vous renvoie vers une enquête d’Elise Lucet pour son émission Cash Investigation.

Une bonne nouvelle sur le front de l’éthique est toutefois à relever. Une nouvelle réglementation au niveau européen est entrée en vigueur le 1er janvier 2021.

Cette réglementation ne concerne que quatre minerais : étain, tantale, tungstène et or, considérés comme ceux les plus souvent liés à des conflits.

Cette réglementation prévoit l’obligation pour les entreprises européennes de veiller à ce que leurs importations de ces minerais et métaux proviennent exclusivement de sources responsables et ne soient pas issues de conflits, de travail forcé, d’autres violations des droits de l’homme ni de la corruption ou du blanchiment d’argent.

Avantages de la liseuse
  • Avoir des dizaines de livres pour un poids de 170 gr environ, c’est bien pratique pour les vacances.
  • On peut lire dans le noir ou en plein soleil, grâce à une technologie adaptée, qui n’a rien à voir avec la lumière des écrans de smartphone.
  • On peut consulter un dictionnaire, surligner des mots, marquer ses pages préférées.
  • Une fois chargée, la batterie a une autonomie de plusieurs semaines.

COMPARAISON ENTRE LES DEUX SUPPORTS

Plusieurs études ont tenté l’exercice, avec des chiffres variant en fonction des modèles, tenant compte de toute la durée de vie, soit de l’extraction des matières premières au recyclage.

L’étude de Cleantech annonce que la Kindle sera responsable de l’émission de 168 kg de CO2, et le livre de 7,4 kg de CO2.

L’étude de Carbone 4 et Hachette Livre estime quant à elle que la fabrication d’un livre émet 1,3 kg de CO2, quand une liseuse Sony Reader 1re génération en produira 235 kg.

Dans le premier cas, il faudra lire 23 livres pour que la liseuse soit écologiquement rentable. Dans le deuxième cas, 180.

Conclusion

En dépit de la grande différence sur le nombre de livres à lire pour amortir la liseuse, le problème éthique posé par sa fabrication fait plutôt pencher la balance du côté du livre.

Dans une démarche cohérente, on privilégiera les livres d’occasion ou empruntés à la bibliothèque.

Quant aux livres neufs, on se tournera vers des maisons d’édition et des imprimeurs éco-responsables, proposant des livres en papier recyclé et imprimés avec des encres végétales sans huile de palme ni OGM.

Et de votre côté, plutôt livre ou liseuse ?

SOURCE

Consoglobe 

Reporterre

ARTICLES EN RELATION

Sélection de 3 livres pour les vacances

Sélection de 4 livres d’écologie intérieure

Sélection de 2 livres pour l’automne

Sélection de 3 livres pour l’été

L’intelligence des plantes

La chèvre de Monsieur Crétin

POUR ALLER PLUS LOIN

Un article passionnant pour comprendre l’impact climatique mondial énorme si les forêts tropicales émettent plus de C02 qu’elles n’en absorbent.

 

 

 

 

 

Commentaires (2)

Super intéressant, je suis passée à la liseuse (Kobo H2o achetée d’occasion) il y a peu et depuis je dois dire que je lis beaucoup plus. J’aime l’idée d’une bibliothèque infinie à disposition en quelques clicks au grès de mes envies mais surtout le côté pratique de lire dans le noir de ma chambre tôt le matin sans déranger. Pour le moment je pense que j’ai multiplié par 5 le nombre de mes lectures. Si jamais vous voulez tester avant un achat les mediathèques en prêtent avec un accès à de nombreux ebook gratuits.

Merci Emilie de ton partage d’expérience. J’ai moi aussi acheté la même liseuse que toi, d’occasion, après l’avoir essayée gratuitement par ma bibliothèque/médiathèque. C’est super pratique et tellement léger. Acheter d’occasion est vraiment le bon plan pour alléger son empreinte carbone tout en se faisant plaisir. C’est plus particulièrement vrai avec les objets numériques.

Laissez un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.